Réunion FOMC : +0.75 % et ensuite ?
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Le service statistique de la Commission Européenne a confirmé lundi que l’inflation dans la zone euro a dépassé les 10 %, avec un chiffre qui ressort à 10.7 % en Octobre contre 9.9% le mois précédent. Sur un an, la hausse des prix de l’énergie atteint 41.9 % et celle des produits alimentaires 13.1 %. Les pays qui souffrent le plus sont les pays baltes avec une inflation à plus de 20%. De l’autre côté du spectre, la France et l’Espagne connaissent l’inflation la plus basse de la zone avec « seulement » 7.1 % dans l’hexagone et 7.3 % en Espagne. La meilleure résistance en France s’explique en partie par l’adoption de mesures de protection des consommateurs et notamment une subvention du tarif de l’essence. Dans le même temps étaient publiées les chiffres de la croissance au troisième trimestre. Le PIB des dix-neuf pays partageant la monnaie unique a progressé à un rythme faible de 0.2%, inférieur aux 0.8% du deuxième trimestre. Les statistiques publiées ces derniers jours des deux côtés de l’Atlantique dépeignent une conjoncture morose avec des indices composites des directeurs d’achat en baisse et une confiance des consommateurs déprimée. En Suisse également les consommateurs s’inquiètent de leur avenir financier : l’indice du climat de consommation est au plus bas depuis 50 années.
Comme attendu, la banque centrale européenne a relevé son taux directeur de trois quart de points. Le taux de dépôt est ainsi relevé à 1.5 % alors qu’il était à -0.5% en juillet dernier. Cette hausse de 200 points de base est la hausse la plus rapide de l’histoire de la monnaie unique. Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, a déclaré que le point culminant du cycle actuel de hausse des taux d'intérêt doit garantir que l'inflation revienne à l'objectif de 2 % à moyen terme. La question est de savoir à quel niveau se situe ce point culminant. "L'inflation est encore trop élevée dans toute la zone euro", a-t-elle déclaré tout en pointant le risque que celle-ci ne devienne auto-entretenue.
La banque centrale australienne a augmenté les taux d'intérêt d'un quart de point et a signalé un nouveau resserrement à venir dans sa lutte contre l'inflation. Le conseil d'administration de la Reserve Bank a relevé le taux d'escompte de 2,6 % à 2,85 %, son niveau le plus élevé depuis avril 2013, un résultat largement attendu. Le gouverneur de la RBA, Philip Lowe, a déclaré dans sa déclaration d'après-réunion que "le conseil d'administration prévoit d'augmenter encore les taux d'intérêt au cours de la période à venir. Il suit de près l'économie mondiale, les dépenses des ménages et le comportement en matière de fixation des salaires et des prix." La banque centrale a également abaissé ses perspectives de croissance économique en réponse à la hausse des taux.
Au pays du soleil levant, l'intervention de la banque centrale du Japon a eu un impact sur le marchés des devises, selon le ministre des Finances Shunichi Suzuki. Selon des chiffres officiels, le pays a dépensé un montant record de 43 milliards de dollars en octobre pour soutenir le yen en difficulté. Ce matin, la monnaie japonaise vaut 147,28 contre un dollar, loin de son plus bas niveau de 32 ans de 151.95 atteint le 21 octobre. Le ministre des finances a ajouté que les interventions dans l’espace monétaire n’ont pas immédiatement été rendues publiques afin de maximiser leur effet. Hier, le gouverneur de la banque du Japon a confirmé qu’il souhaitait maintenir les taux très bas afin de soutenir l’économie.
De son côté, la Banque nationale suisse a enregistré une perte de 142,4 milliards de francs pour les neuf premiers mois de l'année, un montant qui est presque exclusivement imputable aux positions en devises de la banque centrale. La BNS a également enregistré une perte de valeur sur ses avoirs en or et sur ses positions en monnaie suisse. Ces chiffres mettent la BNS sur la voie de la perte annuelle la plus élevée jamais enregistrée. Bien que ces résultats n'influencent pas la politique monétaire, ils rendent de plus en plus improbable la possibilité pour l'institution de verser des dividendes au gouvernement et aux cantons suisses. Si tel était le cas, cela ne serait que la deuxième fois en plus de 100 ans d'histoire qu'elle devrait renoncer à un tel paiement.
Bien que les responsables de la politique de la Réserve fédérale américaine se trouvent dans une fenêtre de Black-Out (interdiction de communication) depuis plus d'une semaine, on a pu constater un changement de ton notable à la mi-octobre. En effet, plusieurs membres du FOMC ont commencé à laisser entendre qu'il pourrait être nécessaire de signaler une décélération des hausses de taux au cours des prochains mois. Et c'est là que réside l'importance de la réunion de la Fed aujourd’hui : il ne s’agit pas de savoir quelle sera la hausse du taux directeur puisque le marché s’attend avec quasi-certitude à une nouvelle hausse de 75 points de base. La question est plutôt de savoir quand le FOMC ralentira le rythme des hausses de taux (le fameux Pivot) et à quel niveau culminera le taux principal de la Fed en 2023. Les chiffres de l’emploi publiés hier ont été meilleurs qu’attendus ce qui pousse certains analystes à penser que la FED puisse continuer à relever les taux de manière soutenue au cours des prochains mois.