Repli du dollar, retour de l’appétit au risque

Oct 19, 2022
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La semaine dernière, le FMI a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour l’année...

La semaine dernière, le FMI a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour l’année prochaine. L’institut s’attend à une croissance mondiale de 2.7 %, contre 2.9 % prévus dans le précédent rapport de juillet. A l’exception de la crise financière de 2008 et de la phase aiguë de la pandémie, il s’agirait de la plus faible croissance attendue depuis 2001. La persistance de l’inflation est un phénomène mondial touchant les économies avancées et encore plus les pays émergents et en développement. L’inflation mondiale devrait atteindre 8.8 % cette année (+ 0.5% par rapport à Juillet) mais pourrait connaitre son pic au troisième trimestre de cette année et diminuer au quatrième. Aux États-Unis la croissance est révisée à 1.6 % en 2022 et 1% en 2023. En Allemagne et en Italie, la récession semble inévitable en 2023 tant le coût de l’énergie devrait menacer le secteur industriel. La France pourrait s’en tirer un peu mieux avec une croissance de 0.7 %. La Chine pourrait connaitre une croissance de 3.2 % cette année (pire performance en 40 ans, pandémie mise à part) et 4.4 % en 2023. La politique zéro-covid apparait comme un frein à la croissance. On note aussi que la Chine a décidé de reporter la publication de sa croissance trimestrielle prévue mardi. Sous l’effet des sanctions, la Russie va rentrer en récession cette année mais celle-ci devrait être moins forte qu’attendu : la contraction devrait être de 3.4 % contre 6% prévu en Juillet. D’après le FMI, « la contraction de l’économie russe est moins sévère que prévu, reflétant la résilience des exportations de pétrole brut et de la demande intérieure avec un soutien accru des politiques budgétaires et monétaires et un rétablissement de la confiance dans le système financier ».


Aux Etats-Unis, à un mois des élections de mi-mandat, l’inflation ne fléchit que très légèrement. L’indice CPI publié jeudi par le département du Travail montre que les prix ont augmenté de 8,2% en septembre sur un an. Un mois auparavant la hausse des prix était de 8,3% sur un an. Sur un mois, l’inflation continue même sa progression : +0.4% entre août et septembre contre +0.3% attendus et contre +0.1% entre juillet et août. Le président Biden admet désormais que les Etats-Unis pourraient connaitre une légère récession et déclare qu’il reste encore du travail pour lutter contre l’inflation. Au Royaume-Uni, Kwasi Kwarteng signe le deuxième plus court passage au ministère des Finances depuis la Deuxième guerre mondiale. Ami de longue date de Liz Truss, il est pourtant remercié par celle-ci. Son successeur, Jeremy Hunt, revient sur la quasi-totalité des mesures fiscales qui avaient plongé le Royaume-Uni dans la crise. La première ministre Liz Truss s’excuse pour des erreurs mais tente de rester en poste. Ces derniers jours, la livre sterling se stabilise autour de 1.13 contre le dollar.


La journée du 13 octobre était particulièrement intéressante sur les marchés actions puisqu’après six jours consécutifs de baisse, après la publication de chiffres toujours élevés de l’inflation, après une ouverture en baisse, le S&P 500 progressait de 5.5% depuis son plus bas de la journée pour signer le cinquième renversement de tendance en une séance de l’histoire. Le Dow Jones qui perdait 500 points finissait par en gagner 800 pour dépasser les 30'000 points à la cloche. Le lendemain, un mauvais indicateur faisait rebaisser les marchés : l’enquête d’opinion menée par l’Université du Michigan montre que les ménages s’attendent à ce que l’inflation reste relativement élevée dans le futur. Mais depuis mercredi dernier, le Dow Jones a gagné près de 1300 points et le S&P 500 143 points. Ce regain d’optimisme est alimenté par l’amélioration de la situation en Angleterre et par des résultats d’entreprises (notamment les grandes banques américaines) meilleurs qu’attendus. Le dollar s’est replié avec le regain de l’appétit au risque : il est par exemple retombé sous la parité contre le franc suisse. En revanche le yen poursuit sa chute contre le billet vert. La paire USD/JPY à un niveau spot de 149.48 ce matin est au plus haut depuis 32 ans. La banque centrale du Japon est la dernière banque centrale à avoir un taux négatif et certains analystes pensent qu’elle pourrait intervenir pour soutenir sa devise.


Concernant l’or noir, les perspectives de la demande restent moroses. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) anticipent une demande moins robuste que prévu en 2022 et 2023. Le gaz naturel poursuit quant à lui son repli, le contrat à terme du TTF néerlandais, référence du gaz naturel en Europe, évolue actuellement à 111 euros le mégawattheure bien loin du pic à 340 euros au mois d’août. La mise en route d’un gazoduc gréco-bulgare et la fourniture de gaz naturel liquéfié en provenance des USA permettent à l’Europe de s’émanciper du gaz russe : celui-ci est passé à 7% des importations de l’UE contre 42% au début de l’invasion russe en Ukraine. A partir de demain, les dirigeants des vingt-sept États membres de l’Union européenne se réunissent pour formaliser leurs solutions à l’explosion des prix du gaz. On parle notamment d’une réforme de l’indice TTF et de la mise en place d’achats groupés. En revanche il semblerait que le plafonnement du prix du gaz ne soit plus à l’ordre du jour.