Mini-budget mais maxi-problèmes

Oct 5, 2022
  • EUR/USD0.9989
  • DOW JONES30,316
  • USD/CHF0.9786
  • SMI10,590
  • EUR/CHF0.9786
  • WTI CRUDE OIL86
  • USD/RUB59
  • XAU/USD1725
Le troisième trimestre s’est achevé dans la morosité avec des marchés inquiets de la conjo...

Le troisième trimestre s’est achevé dans la morosité avec des marchés inquiets de la conjoncture économique, de l’inflation et de la montée des taux d’intérêts. Le Dow Jones a clôturé à son plus bas niveau de fin de séance depuis novembre 2020 et le Nasdaq depuis juillet 2020. Les rendements des obligations d’état ont continué leur progression au mois de septembre : le 10 ans américain est passé de 3.2 % à presque 4 %, le taux à deux ans a suivi une progression similaire, environ 40 points de base au-dessus.


La publication vendredi dernier de l’indice des prix PCE n’a pas aidé à détendre l’atmosphère. Cet indice est l’indicateur préféré de la FED pour mesurer l’inflation car il mesure la variation des prix des biens et services achetés par les particuliers dans le but de les consommer, hors produits alimentaires et énergétique. L’indice PCE est ressorti en hausse de 0,3% en août, soit davantage que les 0,2% attendus par les analystes. L’inflation américaine a ralenti sur un an en août, mais s’est de nouveau accélérée sur un mois. Dans la zone euro, l’inflation a atteint un nouveau sommet au mois de septembre en s’établissant à 10% contre 9.1 % le mois précédent. La persistance de l’inflation plaide en faveur d'une poursuite des relèvements de taux directeurs des banques centrales pour faire ralentir l'économie. Mais la ligne de démarcation entre un ralentissement et une récession est de plus en plus ténue, ce qui effraie les intervenants du marché et amplifie la chute des actions.


Au Royaume Uni, trois semaines après leur entrée en fonction, la nouvelle premier ministre Liz Truss et le chancelier de l’Echiquier Kwasi Kwartang ont provoqué une vague de mécontentement et même un vent de panique sur les marchés financiers lors de la présentation de leur mini-budget. Celui-ci prévoyait entre autres un gel des factures d’énergie et une réduction de la taxation des 5% les plus riches en faisant disparaitre la tranche à 45% pour les revenus supérieurs à 150,000 livres sterling. Un cadeau fiscal qui coûte environ 45 milliards de GBP et qui devait être financé par davantage de dette. Clairement le marché n’a pas apprécié et a envoyé la devise britannique au plus bas de tous les temps contre le dollar (1792, c’est-à-dire depuis que le dollar existe…). Les obligations souveraines ont vu leurs rendements atteindre leur plus haut niveau depuis 2008 et la chute des valorisations a entrainé d’énormes appels de marge auprès des fonds de pension britanniques. Pour y faire face, ceux-ci se sont vu obligés de déclencher des ventes forcées de Gilt et donc d’alimenter encore plus la baisse. Afin de sauvegarder le système des fonds de pension, les membres de la Banque d’Angleterre ont décidé en urgence de suspendre le «Quantitative Tigthening» et de mettre en place un programme d’achat d’obligations souveraines visant à freiner la hausse des rendements. Cette décision, qui se veut temporaire, a aussi pour but de freiner la hausse des emprunts hypothécaires et éviter un crash du marché immobilier. Et ce lundi, on a assisté à un rétropédalage en règle du gouvernement anglais qui est revenu sur sa décision concernant l'impôt sur le revenu. Ce retournement de situation et le soutien de la banque d’Angleterre ont permis à la livre sterling de récupérer l’ensemble de ses pertes récentes : du son plus bas à 1.0350 le 26 septembre jusqu’à 1.1450 ce matin cela représente une hausse de plus de 10% qui ramène le cable à son niveau de mi-septembre. A 1.1250 ce matin, la paire GBP/CHF remonte à son niveau du 8 septembre en profitant de la faiblesse du franc suisse pour repasser au-dessus de 1.1200.


Mise à part les péripéties de la livre britannique le nouveau trimestre démarre toutefois en mode risque-on : baisse des taux obligataires à court terme (le 10 ans US est redescendu à 3.65%), rebond des marchés actions (+3 à +5% sur les indices ces cinq derniers jours), repli des valeurs refuges dollar et franc suisse : l’euro-dollar se rapproche de nouveau de la parité, et l’EUR/CHF passe de 0.94 à 0.98. Même le VIX, indice de volatilité, retombe. Comment expliquer cela ? Le regain d’appétit au risque peut venir d’une volonté des opérateurs de tenter le rebond après un trimestre défavorable et capitaliser sur un excès de pessimisme du marché à court terme et sur des indices survendus (ce qui n’est pas une garantie de rebond !). Un autre facteur est la mauvaise donnée du PMI manufacturier US qui est ressorti en dessous des attentes. Paradoxalement cette mauvaise nouvelle fondamentale a pu être interprétée comme un signe que l’action de la FED commence à porter ses fruits et pourrait finalement ralentir la hausse des prix. On essaye de voir le verre à moitié plein et trouver des raisons d’espérer même dans les mauvaises nouvelles. La banque centrale d’Australie, en ne montant ses taux que d’un quart de point au lieu d’un demi-point a envoyé un signal dovish qui donne de l’espoir à ceux qui attendent une inflexion de la politique de la Fed (le terme de « pivot » revient de plus en plus dans les médias).


Autrement, le pétrole est en hausse puisque les membres de l’OPEP+ envisagent de réduire la production afin de soutenir les prix. Le gaz est lui en baisse depuis le sabotage des pipelines Nordstream étant donné que nous semblons nous diriger vers un début d’hiver doux en Europe. Dans le reste de l’actualité, on a également assisté à la volteface d’Elon Musk. A deux semaines du procès, le milliardaire a finalement décidé de racheter le réseau social au prix convenu en avril dernier (transaction de 44 milliards). Le titre a gagné hier 22% en bourse suite à cette annonce.