Le dollar en mal de tendance
Nov 9, 2022- EUR/USD1.0065
- DOW JONES33’160.83
- USD/CHF0.9860
- SMI10’827.04
- EUR/CHF0.9920
- WTI CRUDE OIL88.87
- USD/RUB60.90
- XAU/USD1'711.00

La parité EUR/USD s’est montrée très instable depuis mercredi passé. Comme attendu, la FED a augmenté ses taux de 0.75 % la semaine passée pour amener la bande de fluctuation des FED Funds de 3.75 à 4.00 % soit leur plus haut niveau depuis janvier 2008. Mais la banque centrale a soufflé le chaud et le froid sur les marchés, puisque dans son communiqué elle déclarait d’abord que la campagne de taux agressive était dans sa phase finale. Ce commentaire a généré une pression à la baisse du billet vert. Puis nous avons ensuite vécu un revirement spectaculaire avec les déclarations de Jerome Powell. M. Powell a prédit que le ralentissement des hausses sera nécessaire à un moment donné mais que le niveau final des taux serait plus élevé qu'attendu par le FOMC lors de sa réunion en septembre. Le dollar a alors complètement inversé son mouvement, se propulsant bien au-dessus de la parité contre le franc à 1.0147 et ramenant la monnaie unique de 0.9975 à 0.9730. Les mouvements n’étaient pas terminés pour autant puisque vendredi ce sont les chiffres de l’emploi aux Etats-Unis qui sont venus agités les marchés. Avec 261'000 créations de postes contre 315'000 en septembre et le taux de chômage en hausse de 0.2 % à 3.7 % ont tendu les marchés et propulsé de nouveau la paire EUR/USD à la parité et le USD/CHF à la baisse. Dans l’immédiat, les résultats des élections de hier focalisent l’attention. Elles pourraient déboucher sur un changement de contrôle d'une ou des deux chambres du Congrès. Cela aurait un impact conséquent sur le budget américain et compliquerait sérieusement les programmes du président Joe Biden ainsi que sa politique étrangère. Ceci aurait certainement un impact, à priori négatif, sur le billet vert.
En Suisse, depuis jeudi et la publication du dernier chiffre d’inflation, l’attention se concentre à nouveau sur la Banque Nationale. Avec 3,0 %, après 3,3 % le mois précédent, le taux d’inflation annuel a non seulement baissé pour le deuxième mois consécutif, mais il était également inférieur aux prévisions de la BNS qui étaient de 3,4 % pour les troisièmes et quatrièmes trimestres de cette année. A l’occasion de sa dernière réunion, dans son évaluation de la politique monétaire du 22 septembre 2022, la BNS a déclaré « qu’il ne peut être exclu que de nouvelles augmentations du taux directeur soient nécessaires pour assurer la stabilité des prix à moyen terme » et elle prévoyait une inflation annuelle moyenne de 1,7 % pour 2024 et de 2 % à la fin de son horizon prévisionnel au deuxième trimestre de 2025. Avec une inflation inférieure aux craintes, il pourrait être réaliste pour la BNS de relever son taux directeur de 50 points de base en décembre, mais d’adopter ensuite une attitude attentiste en raison des facteurs d’incertitude. C’est en tout cas, ce que le marché semble anticipé avec la courbe des taux futures qui prévoit un taux de 0.83 en décembre et de 1.06 en mars. Soit une hausse donc de 0.50 %, au mieux, le 15 décembre puis le statu quo jusqu’en mars en tout cas.
Le ton est bien différent du côté de Francfort. Mme Lagarde a assuré vendredi lors d'une conférence à Talinn en Estonie que la Banque Centrale Européenne prendra rapidement des mesures supplémentaires si l'inflation élevée persiste. Elle a été rejoint dans ses propos par François Villeroy de Galhau, le Gouverneur de la Banque de France et membre du Conseil de la BCE, qui a déclaré à la presse que la BCE ne doit pas cesser de relever les taux d'intérêt tant que l'inflation n'a pas atteint son pic. Une inflation qui a atteint un niveau record à 10.7 % le mois dernier. Il estime, pour sa part que ce pic sera atteint au premier semestre 2023. Ces déclarations ont permis à la monnaie unique de reprendre des couleurs et de s’établir aux alentours de la parité contre le dollar américain. Il en va différemment contre le franc ou la paire évolue latéralement. Mais ces derniers jours elle a connu quelques replis marqués de 0.9920 à 0.9870 puis de 0.9920 à nouveau à 0.9880. Ces reflux à l’approche de la parité interrogent. La BNS qui a changé son fusil d’épaule en tolérant une revalorisation du franc contre la monnaie unique serait-elle derrière ces mouvements ? Le marché est donc « dovish » sur la politique monétaire de la BNS et « hawkish » sur celle de la BCE. Si cela se confirme l’écart de taux entre les deux devrait se creuser. Il sera alors intéressant de voir ce que notre banque nationale va faire.
Jeudi, la Banque d’Angleterre a augmenté son taux directeur de 0.75 % à 3 %. Cette hausse conséquente était largement anticipée mais les propos portés par son gouverneur, Andrew Bailey ont déçu les marchés. Il a dit « Nous ne pouvons pas faire de promesses sur les taux d'intérêt futurs, mais sur la base de la situation actuelle, nous pensons que le taux d'escompte devra augmenter moins que ce qui est actuellement prévu par les marchés financiers ». L’effet a été immédiat sur la devise britannique qui a plongé face au dollar avant de reprendre des couleurs avec le fléchissement de la devise américaine après les chiffres de l’emploi comme on l’a vu précédemment.
Autres bénéficiaires du repli actuel du dollar, les métaux précieux. L’once d'or est fortement orientée à la hausse. Son prix a progressé de plus de 50 dollars au plus haut de la journée d'hier et de 100 depuis mercredi passé. Ce matin le cours se situe toujours confortablement au-dessus de la barre des 1'700 dollars. L'once d'argent n'est pas en reste. Elle s’est en effet revalorisée de 18.83 dollars mercredi à 21.60 hier matin.