Interventions des banques centrales cela marche… ou pas ?

Oct 26, 2022
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Le 22 septembre 1985, les banques centrales des Etats-Unis, du Japon, de l’Allemagne de l’...

22 septembre 1985, 16 septembre 1992, 15 janvier 2015 et désormais le 21 octobre 2022. Qu’ont donc ces dates en commun ?

Le 22 septembre 1985, les banques centrales des Etats-Unis, du Japon, de l’Allemagne de l’Ouest, de la France et du Royaume-Uni signent les accords du Plaza du nom du célèbre hôtel situé à New York. Elles se mettent d’accord pour faire baisser le niveau du dollar contre le Yen et le Deutsche Mark. Cinq ans plus tard et 10 milliards de dollars dépensés, les accords du Louvre entérinent l’arrêt des interventions, le niveau du billet vert étant jugé redevenu raisonnable.


Le 16 septembre 1992, le financier américain George Soros est devenu "l'homme qui fit sauter la Banque d'Angleterre", en profitant des faiblesses du système monétaire européen pour réaliser une attaque spéculative contre la livre sterling. Pour défendre sa devise, la Banque d’Angleterre doit intervenir massivement pour la soutenir. Mais ses réserves sont limitées et l’institution doit jeter les gants et la livre est dévaluée. Le montant engagé par le fond de George Soros à lui seul est estimé à 10 milliards de livres vendues. La devise britannique était dévaluée de 15 %.


Le 15 janvier 2015, après avoir défendu énergiquement le cours plancher de 1.2000 contre la monnaie unique, la Banque Nationale Suisse doit s’avouer vaincue et annoncer la fin des interventions pour défendre le franc. Celui-ci s’envole passant 1.2000 à 0.8500 pour un Euro.


Enfin vendredi passé a marqué une nouvelle date qui restera dans la mémoire des marchés financiers. Alors que le dollar est au plus haut contre le Yen depuis plus de 30 ans et vaut près de 152 Yen pour un dollar, la Banque du Japon décide d’intervenir massivement. Entre 16h30 et 18h00, sous l’effet des ventes de dollar le billet vert se replie sur les 146 Yen. Cette intervention estimée à 30 milliards de dollars par le Financial Times et à 36.8 milliards par le broker japonais Central Tanshi devient la plus importante jamais réalisée en un seul jour. Lundi matin, le marché connaissait toujours de nombreuses turbulences mais le dollar se stabilisait aux alentours des 148 Yen. Le 22 septembre, le Japon était déjà intervenu à hauteur de 21 milliards de dollars pour freiner la baisse de sa devise repoussant le cours de 146 à 140 Yen pour un dollar. L’écart des rendements entre la devise américaine et la devise japonaise va encore se creuser d’ici la fin de l’année et rendre la tâche de la BOJ plus ardue. Assurément le combat entre les forces du marché et la banque centrale japonaise ne fait que commencer.


Une victoire des banques centrales en 1985, puis deux défaites en 1992 et 2015, qu’en sera-t-il de 2022 ? Une constatation s’impose. Face à l’abondance de liquidité du marché, une banque centrale seule ne semble plus en position de gagner la bataille.


L’intervention japonaise a eu un impact aussi conséquent sur les autres devises face au dollar. Le billet vert a ainsi reculé de 1.0150 à 0.9980 contre le franc vendredi. La monnaie unique regagnait elle deux cents passant de 0.9710 à 0.9899 lundi matin. Le marché se tourne désormais sur la réunion de politique monétaire de la Banque Centrale Européenne demain. Selon sa présidente, Mme Lagarde, la priorité de la Banque est de ne pas laisser "s'incruster" la hausse des prix en zone euro qui a atteint 9,9 % en septembre, contre 9 % précédemment, sur base annuelle. Une nouvelle hausse des taux de 0,75 % est attendue par les analystes. Ce qui porterait le taux de dépôt à 1.50 % et le taux marginal de financement à 2.25 %. Ce relèvement, s’il se confirme, va probablement supporter la monnaie unique pour quelques jours. Le 2 novembre, soit 6 jours après, c’est la FED qui annoncera sa décision et elle devrait « matcher » la BCE avec un relèvement de même ampleur et ainsi maintenir le différentiel de rendements au même niveau.


Empêtrée dans ses problèmes politiques et le passage catastrophique de Liz Truss au 10 Downing Street, la livre sterling n’a que modestement profité des évènements vendredi. Par contre la nomination ce lundi de Rishi Sunak, le préféré des marchés, au poste de Premier Ministre a ramené un petit peu de sérénité à la devise britannique qui s’approche des 1.1500 contre le dollar. Mais la tâche du nouveau PM est énorme, comme il l’a lui-même dit, dans un pays où la crise commence à se faire ressentir durement et qui voit l’inflation battre des records à 10.1 %. La plus haute depuis 40 ans et la plus élevées aussi des pays du G7. Sans une stabilité des prix, le budget des ménages augmente et la précarité se fait de plus en plus présente.


Avec une semaine de retard et après la réélection attendue de Xi Jinping dimanche, la Chine a publié ses chiffres de croissance. Le produit intérieur brut a augmenté de 3,9 % sur base annuelle contre 3,3 % attendu. La production industrielle a augmenté de 6,3 % en septembre sur un an, après une hausse de 4,2 précédemment. La PBOC a assoupli les règles qui permettent aux compagnies d’emprunter à l’étranger. Elle a passé de 1 à 1.25 le paramètre macro-prudentiel d’emprunt offshore. En agissant ainsi les entreprises peuvent augmenter leur financement à l’étranger. La décision a eu un impact immédiat sur la devise chinoise qui a fortement baissé et atteint son plus bas depuis 2008. Il fallait 7.3749 Yuan pour un dollar hier matin avant qu’elle se reprenne et repasse sous les 7.3000 aujourd’hui.