Hausse de taux partout... sauf en Turquie

Sep 28, 2022
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Depuis mercredi passé, les marchés financiers avaient les yeux rivés sur les réunions des ...

Depuis mercredi passé, les marchés financiers avaient les yeux rivés sur les réunions des banques centrales. Sans surprise, elles ont poursuivi leur politique de resserrement monétaire pour faire face à une inflation hors norme. Les hausses ont à nouveau été significatives et étaient accompagnées de commentaires mentionnant la nécessité de continuer de relever le loyer de l’argent dans les mois à venir. Premier institut à se prononcer, la FED a augmenté son taux d'intérêt de 0,75 %, comme attendu, pour le porter dans la fourchette de 3% et 3,25 %. Elle a prévenu qu’elle ne s’arrêterait pas là et que les taux atteindraient au moins 4,25 % d'ici la fin de l'année. Ce mouvement devrait continuer en 2023, mais le hausse être moins marquées et les économistes s’attendent désormais à un pic aux alentours de 4.50/4.60 %. Pour Charles Evans, Président de la Fed de Chicago, l’institut pourra se permettre une pause après un autre relèvement au mois de mars. Les banques américaines ont averti que la santé financière de leurs clients pourrait se détériorer au cours des prochains mois. Les effets de la hausse des taux d'intérêt, de l'inflation et de la guerre en Ukraine vont peser durablement sur les consommateurs américains. Les craintes pour l’emploi sont aussi ravivées aux Etats-Unis. Les dernières décisions de la banque centrale devraient peser sur le marché du travail. La FED s’attend désormais à ce que le taux de chômage, actuellement à 3,7 %, remonte à 4,4 % l’année prochaine.


La Banque d'Angleterre a relevé son taux directeur de 0.50 % à 2.25 % malgré l'entrée en récession de l'économie. Cette hausse attendue a été votée par cinq des neufs membres du comité de politique monétaire, trois se sont prononcés en faveur de 75 points et le dernier pour une hausse de 25 points seulement. Cette annonce n'a pas dopé la devise britannique qui est en chute libre et s’approche de la parité contre le dollar et le franc. La décision du gouvernement et de la Première Ministre, Liz Truss, d’un plan de dépense sans précédent fait craindre un dérapage des finances publiques et pèse lourdement sur la devise britannique qui a atteint son plus bas historique contre le dollar à 1.0350 tôt lundi matin. Le précédent record datait de près de 40 ans soit au premier trimestre 1985 à 1.0520.


La décision de la Banque Nationale Suisse, jeudi, était particulièrement attendue. Elle n’a guère surpris les marchés en relevant son taux directeur de 0.75 % après une première hausse en juin de 0.50 %. Les taux d’intérêts en Suisse redeviennent ainsi positifs après un peu plus de 7 ans et le taux de référence SARON se situe à 0.3750 %, ce matin. Pour mémoire le SARON est le nouveau taux de référence pour les opérations sur dérivés et sert de base au calcul des hypothèques à taux variable. Dans une première réaction à cette décision le franc a reculé et la monnaie unique est brièvement repassée au-dessus de 0.9700, Thomas Jordan ayant déclaré que la banque se tenait prête à revenir sur le marché des changes, laissant entendre que la hausse du franc atteignait un niveau qui commençait à susciter des réflexions. La BNS a toléré la montée de notre devise car c’était pour elle un moyen de lutter contre la hausse des prix en contenant l’inflation importée. Mais le Président de la Banque centrale a semé le doute lorsque, précisant sa pensée, il déclarait que les interventions pourraient se produire dans les deux sens. Andrea Maechler est revenue lundi soir sur le sujet lors d’une interview à la télévision alémanique SRF. « La hausse du franc a été un moyen de contenir l’inflation, mais si celle-ci devait être trop prononcée alors la BNS se verrait dans l’obligation d’intervenir sur les marchés. Dans le cas contraire, si notre devise devait s’affaiblir de manière significative, des interventions seraient nécessaire » a-t-elle déclaré. Mais on imagine bien que ce deuxième cas de figure n’est pas d’actualité pour le moment.


La quatrième banque d’importance dont on attendait la décision était la Banque du Japon. Contrairement aux autres grandes banques centrales du monde, elle a maintenu sa politique monétaire ultra-accommodante. Ce qui a propulsé le dollar au-dessus des 145 yens, un nouveau record depuis 24 ans. Pour soutenir sa monnaie, la banque est intervenue sur le marché des changes à hauteur de 3'000 milliards de Yen soit environ 21 milliards de dollars, ramenant la parité à 140.36. C’est la première intervention depuis 1998. Le Japon dont les réserves totalisent 1'170 milliards de dollars, les plus importantes en devises étrangères après la Chine a certes les moyens de continuer ses interventions, mais la tendance sur le cours de change ne pourra pas être inversée le temps que la BOJ ne modifie pas sa politique monétaire et que la FED continuera de remonter ses taux. Avec une parité USD/JPY de retour vers 145.00 on doit donc s’attendre à d’autres interventions.


On relèvera encore que La Banque Centrale de Hongrie a de nouveau relevé son principal taux directeur à 13 % hier, un niveau record depuis 2008. Naviguant à contre-courant, la Banque Centrale de Turquie a, elle, abaissé de 1 % son taux principal, passant de 13 % à 12 %, une action qui a vu la livre turque plonger à son plus bas historique contre le dollar. L'institut justifie cette décision par rapport aux incertitudes sur la croissance mondiale et les risques géopolitiques. Le président Erdogan dit privilégier la croissance et les exportations à la stabilité des prix.


Le baril de brut WTI est repassé sous la barre des 80 dollars vendredi soit une première depuis janvier La demande d'essence a continué de s'affaiblir aux États-Unis où les stocks ont augmenté de 1,6 million de barils, trois fois plus que le consensus des analystes. Autre valeur à la baisse, le métal jaune. L'once d'or est au plus bas depuis début avril 2020 et a touché 1'620.25 dollars l’once. La force du dollar et les hausse de taux programmées pèsent sur les cours.